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Passe l’automne,
(le discours sur l’art est sodomite)
j’assemble deux bouts de tissus
et déjà je pense à les défendre ou à leur inventer une symbolique
alors j’abandonne
est-ce cela ma vie
boire des verres en compagnie de jeunes gens
qui parlent d’eugénisme et de raie manta,
vraiment je n’en suis plus sûre

je n’ai jamais été aussi proche de l’idée de la mort,
je cherche à qui le dire, j’arpente le bas de la ville
mais je ne peux pas m’empêcher de sourire
et trouver la douleur illégitime

on déplace nos angoisses qui
deviennent arthroses ou fleurs fânées
ou juste tétrahydrocannabinol
on repense à la raie manta
qui comme l’être humain aurait conscience d’elle-même
on croise une vitre déformante
j’arpente le bas de la vase

je ne peux m’empêcher de cloisonner
les déchets les rosiers les rictus
je me retrouve comme à chercher un discours
parkings, entrepôts, linceuls

si je devais voir un mort je ne fermerai surtout pas ses yeux
c’est du négationnisme, c’est encore une peur qui s’est perdue
peut-être que je quitterai la salle, par contre
pas besoin d’y passer la nuit

passe l’été, comme si tout avait un sens,
mais c’est nommer les naissances et les sécheresses qui
ramène aux étiquettes-victimes,
à genoux pour recevoir l’opprobre ou le foutre béni

tu serais quel animal aquatique
l’hippocampe, pour avoir le choix,
on croise une vitre-miroir
tout juste, zéro myopie, l’hiver

monde, violence des autres, renaissance
planctons échoués sur le trottoir,
est-ce que c’est cela, ma vie
je n’ai jamais été aussi proche de son idée
par le silence total et l’acceptation
(donc les yeux ouverts)
on avale vraiment n’importe quoi

manta signifie manteau – en espagnol,
Une légende raconte qu’en Polynésie, elle recouvrait de son large
manteau les chercheurs de perles pour les noyer.
En réalité, la raie manta est totalement inoffensive pour l’homme.

couler, flotter, sourire
c’est exactement la même chose, si on s’y penche
épanche la ville et la douleur,
et la chanson de Prévert,
passent les jours que l’on bâtit